L’Ukraine est un pays à forte tradition agricole possédant un territoire de 600 000 km2, qui sur la zone européenne/eurasienne place le pays en seconde place après la Russie en terme de superficie. Autrefois le grenier de l’Union soviétique, la situation de conflit actuelle met en danger la branche agroalimentaire qui n’a pas forcément su s’adapter à la conjoncture européenne.

Un potentiel affirmé, et convoité

Le constat est affligeant: les évènements récents entre l’Ukraine et la Russie partageant le monde (et surtout l’Europe) en deux camps distincts, les différents secteurs industriels ukrainiens chutent les uns après les autres. Les investisseurs, un peu frileux quand à un engagement potentiel dans l’économie ukrainienne, n’y sont pas étrangers. Et pour cause: certains mentionnent la transition économique ratée de l’Ukraine (qui a suivi son indépendance en 1991), qui ne lui a pas permis de s’adapter au marché européen et n’a donc attiré que très peu d’investissements étrangers. Les produits alimentaires n’étant pas forcément conformes aux normes de l’UE et les producteurs ne possédant que très peu de moyens et de matériel, il va sans dire que la branche agroalimentaire ne devrait pas faire exception et accuse des symptomes d’une branche qui s’essoufle.

Réunissant 17% du PIB, le secteur est un pilier de l’économie ukrainienne qui se trouve être dépendante des contrats pasés sur le long terme, que les clients ne seraient pas forcément prêts à renouveler. Il faut dire aussi que l’Ukraine présente en retard technologique en terme de procédés de fabrication et installations industrielles, et a du mal à se défaire de son image de grenier soviétique. Cependant, suite au déclin du machinisme, l’industrie agroalimentaire a mobilisé depuis 1992 un somme s’élevant à 1 milliard de dollars afin de remoderniser son secteur. Modernisation qui est également passée par l’achat d’un grand nombre de machines d’emballage et de conditionnement destinées aux laiteries et fabriques de boissons, secteur fort de l’industrie agroalimentaire ukrainienne.

Sauvetage ou pillage?

D’autres parlent cependant de pillage, comme l’avance le Dr. Paul Craig Roberts, ancien rédacteur du WallStreet Journal. Si les divergences d’opinion d’Obama et de Poutine sont bien connues du grand public, les deux chefs d’état semblent pourtant être d’accord sur une chose : l’Ukraine possède un fort potentiel en termes de ressources et l’agroalimentaire est bel et bien dans le viseur des deux grandes forces actuellement en plein conflit diplomatique. En effet, l’Ukraine se place au sixième rang mondial pour l’exportation de blé et au 3ème rang pour l’exportation de maïs. La pays possède également 40% des terres noires (tchernoziom) mondiales, un débouché maritime naturel (Odessa) et des terres exceptionellement fertiles. de plus, 15.000 textes normatifs étant en cours de traitement afin de les rendre conformes aux normes de l’OMC et au Codex Alimentarius, la question de l’admissibilité des produits et procédés de fabrication ne devrait bientôt plus poser de problèmes.

Washington tout comme Moscou ont donc toutes les raisons de s’intéresser à ce potentiel de plus près, d’ailleurs, on prétend que la réduction des pensions des ukrainiens et le plan d’austérité qui sera bientôt mis en place par le FMI ne seraient pas étrangers à cet intérêt, puisque ce remboursement de la dette aux banquiers occidentaux devrait ouvrir le pays, affaibli, aux influences extérieures. Avec déja 22.000 entreprises reprséentant tous les secteurs de la transformation alimentaire, l’Ukraine jouit déja d’une base viable d’infrastructures et d’équipements, qui devraient trouver acheteurs sans trop de soucis, si l’Ukraine passe l’actuelle crise diplomatique sans trop d’encombres.

L’industrie agroalimentaire étant la seule a ne pas encore avoir accusé d’une croissance négative, elle est la seule à tirer le pays vers le haut. Mais en attendant un revirement de situation, le pays va de ce fait devoir rapidement trouver une solution financière afin que les récoltes puissent être récoltées malgré la pauvreté grandissante de ses agriculteurs.

Anais P.

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