L’industrie 4.0 (aussi appelée Industrial Internet Of Things) est la 4eme révolution du secteur industriel. Elle utilise la technologie des objets connectés et du big data. Concrètement, cela signifie que toutes les composantes de l’usine seront connectées : les machines, les stocks, les équipements et les systèmes informatiques seront connectés entre eux et échangent en permanence des informations. Le but final étant de rendre la production plus flexible et de réduire les risques d’erreurs.

Pour faire face à la compétition de l’Asie en terme de compétitivité industrielle, l’Europe se lance dans cette industrie 4.0 afin de rattraper son retard par rapport aux marchés industriels émergents.

Un retard à rattraper

En 1995, le poids de l’industrie européenne représentait 23.3% du PIB total européen. Aujourd’hui, il n’en représente plus que 19.3% (2015). Même si certains pays développent très rapidement leurs industries (Pologne, République Tchèque, Slovaquie et l’Allemagne qui reste toujours la locomotive de l’industrie européenne), beaucoup de spécialistes s’accordent à dire que l’Europe est en voie de désindustrialisation.

Aujourd’hui, le secteur tertiaire compte pour 70% du PIB. En Angleterre, la part des emplois industriels n’est plus que de 10%, alors que cette part était de 50% juste avant la première guerre mondiale. Même phénomène en France, la part de l’industrie dans le PIB était de 35% en 1970, et seulement de 20% aujourd’hui.

Malgré une désindustrialisation qui semble inéluctable, on note des efforts dans ce domaine afin de relancer l’industrie. Antonio Tajani, un des vices présidents du conseil européen avait déclaré : « La compétitivité industrielle doit être la priorité politique du Conseil européen de mars 2014« . Objectif : atteindre 20% du PIB européen d’ici 2020. Un objectif en passe d’être réussi, donc.

A l’inverse, le secteur industriel asiatique a complètement tiré profit de la lente désindustrialisation Européenne et Américaine pour s’imposer en nouveau fief industriel mondial.

Ce phénomène s’est encore plus accru avec la délocalisation massive des entreprises occidentales. En Chine, l’industrie compte pour plus de 49.3% du PIB, 27,3% au Japon et  26.6% en Inde.

Sans pour autant tirer une conclusion invérifiable, l’union européenne a très souvent fait le rapprochement entre forte croissance industrielle et croissance tout court.

Pour certains, la désindustrialisation n’est pas un mal, au contraire, elle est signe d’une économie moderne, où le marché s’adapte à un monde de plus en plus digital et centré sur les services. Augustin Landier, professeur à la Toulouse School of Economics avait ironiquement déclaré « Imaginez si, en 1960, on s’était dit : “mettons le paquet pour que l’agriculture revienne à la part du PIB qu’elle avait en 1920” ! La France a désormais plus vocation à produire des idées et des concepts que des machines. Cela ne veut pas dire que l’industrie est morte, mais sa part dans la richesse produite diminue à mesure que nous nous développons dans les autres secteurs. »

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Comment l’Europe réagit face à cette désindustrialisation?

Pour contrer ce phénomène, les institutions sont en train de prendre le contrôle des choses et proposent des plans totalement en accord avec le concept d’industrie 4.0, qui pourrait aider l’Europe à redresser sa production industrielle.

Le président de la German Engineering Association, Reinhold Festge avait déclaré que l’approche économique de l’industrie 4.0 réduirait de manière importante les coûts de production. En conséquence, les entreprises pourraient être en mesure de rattraper le retard sur l’Asie

L’industrie 4.0 pourrait donc faire office de tremplin pour les industries européennes, à condition que les institutions européennes soutiennent ce mouvement…

Allemagne : Incontestable leader de l’industrie européenne, l’Allemagne a su développer le concept d’usine connectée. Entre 2011 et 2020, plus de 20 milliards d’euros sont investis.

Italie : Le gouvernement Italien investit actuellement 13 milliards d’euros dans un nouveau concept nommé “Fabrica del futuro.”

France : “La nouvelle France industrielle” d’Arnaud Montebourg est toujours en développement avec 3.5 milliards investis en 2015. La France est un des pays qui le plus souffert de la désindustrialisation.

Angleterre : La High Value Manufacturing Catapult a été créée en 2011 pour supporter l’industrie par l’implantation de centres industriels afin d’appuyer l’activité des grands groupes et des petites entreprises

Pays-Bas : La Ducth Smart Manufactury a été lancé en 2011 pour donner un coup de jeune à l’industrie Néerlandaise.

Le vice président de la commission européenne Andrus Ansip, considère l’industrie 4.0 comme ayant “le potentiel d’améliorer la flexibilité, l’efficacité, la productivité et la compétitivité, tout en créant des emplois”.

Il y a donc un réveil actuel de la part des institutions européennes. Selon certains spécialistes, c’est un peu tard, l’Asie ayant déjà trop pris d’avance avec sa main d’oeuvre bon marché.

Et après?

Le futur de l’industrie mondiale sera intéressant à suivre. Le développement des nouveaux pays industrialisés comme l’Inde, la Chine, l’Afrique du sud, le Brésil etc ont rendu le marché de plus en plus compétitif et donc plus enclin à une innovation sur les coûts ou bien à une innovation sur les méthodes de production. Aujourd’hui, les USA et l’Europe essayent de soutenir cette idée d’industrie 4.0. Nous verrons dans les années à venir si cela est suffisant pour combler le retard pris par rapport à l’Asie.

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